in the shadows. — ebony

Your strength is in your weakness, There's fire in your blood.

Décembre 2020 — @Ebony Osborne — color : #B59326 — tenue

Les oreilles qui trainent, les regards qui s’interrogent, et les rumeurs, qui courent et s’abandonnent aux bouches inconscientes. L’intrigue s’échappe jusqu’aux presque intéressés, s’étire pour poser des problèmes déjà plus grands que tout ce qu’elles auraient pu imaginer. Et quand l’incompréhension ronge le crâne des jumelles Osborne, il n’y a pas d’autre échappatoire que de trouver réponses.
La chevelure blonde se balance à mesure que le claquement des talons résonne dans les couloirs du palais. Ember a le visage fermé, de ceux qu’on sait ne pas interrompre, alors qu’elle s’avance jusqu’au repère des magiyavi. Elle s’arrête face à une porte close, regarde à droite et à gauche, par simple réflexe, puis frappe à la porte. Mais elle n’attend pas qu’on l’invite à entrer, elle ouvre en abaissant la poignée d’un geste vif, ferme aussitôt une fois engloutie dans la pièce où, seule, se trouve son reflet presque parfait.

Elle offre un pas de plus pour installer sa présence dans la pièce, détaille le visage de sa sœur, et dans un énième soupire « Ebony. » qu’elle lance froidement pour la saluer. Le menton haut, la posture droite, comme on leur a si bien appris. On pourrait croire à une statue sculptée dans le marbre, si ce n’était pour les clignements de paupières et la poitrine qui se soulève et s’abaisse à mesure que la respiration se fait plus lourde. Un nouveau pas, elle place une main sur sa hanche. « Tu devrais faire attention à tes fréquentations… Mais également où tu les retrouves. Les gens te voient, parlent, et ça finit par nous retomber dessus, tous. » Le regard s’échappe une seconde alors qu’elle ne perd pas une seconde à faire des remontrances à la plus parfaite des Osborne. Des reproches qu’elle pourrait se faire à elle-même, mais qu’elle a décidé d’oublier, de toute façon elle sait d’avance que sa dernière conversation avec leur ancêtre lui retombera dessus tôt ou tard. Aujourd’hui, il n’est pas question d’elle, pas question de ses erreurs, mais bien de celles d’Ebony. « Je te pensais plus… – Un doigt glisse jusqu’à sa bouche, Ember fait mine de réfléchir au meilleur terme pour définir la jumelle. – maligne. » Le regard bleuté se fige dans celui de sa sœur, cette fois avec plus d’inquiétude qu’elle ne l’aurait voulu. « Pourquoi est-ce que tu as parlé avec Rhysand ? Et… – L’hésitation. Le cœur qui se serre. – Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais là ? »

we're better in stereo.

Elle est parfaitement à sa place. C'est une poupée de cire dans un palais des glaces, où chaque miroir lui renvoie le reflet du masque de perfection qu'elle renvoie aux autres. Il n'y a que les apparences qui comptent, depuis toujours et à jamais. Ebony se doit d'être impeccable, son chignon parfaitement attaché en un brushing sophistiqué. Son maquillage élégant, mais discret. Lorsque l'on avait des traits aussi fins que les siens, il était inutile de passer son temps à les masquer sous les fards à joues et des couleurs trop vives. Rien ne lui seyait mieux au teint que les nuances subtiles rehaussant l'arrogance déjà incrustée à ses expressions. Il n'y a que cela qui vaille la peine d'être exacerbé, tout ce qui peut lui conférer des airs dignes et importants. Elle n'a jamais eu besoin de charme, seule la froideur de son mépris lui a toujours acquis tout ce qu'elle convoitait. Personne ne porte mieux le fardeau des St-James que celle qui l'a laissé la taillader, pour en faire un exemplaire moulé dans le plâtre des ambitions familiales. Elle ne saurait se défaire de ce carcan, qui lui colle à la peau. Sans ce masque greffé à son propre visage, Ebony ne saurait plus qui elle est.

C'est son parfait reflet qui surgit face à elle. Si elle ne laisse pas sa surprise se faire remarquer, la magiyavi laisse néanmoins son regard inquisiteur jauger la nouvelle arrivée. Elle la détaille de haut en bas, comme si elle cherchait à soupeser la menace que présentait son irruption dans son quotidien. Ebony aime les choses ordonnées, la structure et l'ordre. Elle a horreur des imprévus, qu'ils portent son nom et son faciès ou pas. "Ember." Le salut est cordial, détaché. Son regard s'est déjà reporté sur les dossiers qu'elle tient encore entre les mains, refusant de se laisser distraire par sa soeur ou de lui accorder plus d'intérêt qu'elle n'en mérite entre ces murs. Car ici, elle n'est plus Ember Osborne, elle n'est plus sa soeur, elle n'est plus rien d'autre qu'une intruse venue interrompre la magiyavi dans son travail. "Lorsque l'on a l'audace de venir me déranger au travail, il est de bon ton d'éviter de me faire perdre mon temps plus que nécessaire." Elle déteste l'entendre tourner autour du pot, comme une enfant cherchant à capter son attention.

Mais quand Ember s'exclame qu'elle la pensait plus maligne, la jeune grisha détache enfin les yeux de ses rapports pour les planter dans ceux de sa soeur. Cette fois, attention captée. "Mais enfin, de quoi parles-tu ?" L'évocation de Rhysand lui fait l'effet d'une pierre tombant dans sa poitrine. Ses doigts reposent machinalement les documents qu'ils tenaient sur le bureau, et elle fixe sa soeur sans ciller. C'est bien le problème, lorsque l'on est élevée pour ne jamais rien laisser transparaître. On en oublie comment faire, quand on voudrait que les autres comprennent ce qui ne va pas. Quand on voudrait qu'ils puissent lire notre détresse, pour ne pas qu'on ait nous-mêmes à l'exprimer à voix haute. "Rhysand m'a... rendu service." Il l'a aidée, mais cela reviendrait à admettre que ce vampire ait quoi que ce soit de décent en lui. Ebony n'est pas certaine d'être toujours aussi convaincue que ce ne soit pas le cas, mais jamais elle ne l'admettrait devant sa soeur. "J'avais fort à faire, je n'ai pas eu le temps de te prévenir de mon retour." Ce n'est qu'un mensonge éhonté, un de plus venant s'ajouter à la pile. D'abord Rhysand, puis cette question, la magiyavi sent ses muscles se tendre et son coeur battre à se rompre. Personne ne doit jamais apprendre ce qu'elle a demandé au vampire, encore moins sa propre soeur. "Je ne saurais que trop te conseiller de ne pas croire en les bruits qui courent. Quoi que tu aies pu entendre, ce ne sont jamais que cela. Des rumeurs."

@Ember Osborne

Your strength is in your weakness, There's fire in your blood.

Décembre 2020 — @Ebony Osborne — color : #B59326 — tenue

La posture de leur rang, de leur éducation, tout en elles respiraient l’essence même de leur famille. Celle qui les a détruites, qui les a abandonnées au rang de marionnettes pour mieux les éloigner l’une de l’autre. Ce lien qui devait être indestructible, indéfectible, de ceux que personne n’explique, brisé, volé en éclats par les années bercées d’un amour sans vérité. Elles ont appris à se détester. « Lorsque l’on a l’audace de venir me déranger au travail, il est de bon ton d’éviter de me faire perdre mon temps plus que nécessaire. » En pleine figure. Cette imposture. Ce masque collé à leur visage sans qu’elles aient pu dire non. Personne ne leur a laissé le choix que de suivre une route qui ne leur a jamais appartenu. Mais Ember sait ce qui fait tiquer sa sœur. Elle sait les mots qui parviennent à l’agacer parce qu’elle est tout ce qu’Ebony ne supporte plus dans ce monde. La liberté qu’elles auraient pu avoir, l’envie d’autre chose. « Je te pensais plus… maligne. » Et ça fait mouche.

Comme un poisson qui mord à l’hameçon et qu’on ramène jusqu’à la berge, Ember fait tourner le moulinet pour attraper nul autre que sa jumelle. Elle observe le même manège depuis trente-quatre années. « Rhysand m’a… rendu service. » Les bras se croisent, attentive, elle observe les mimiques et la certitude qui se dessine dans les traits. « J’avais fort à faire, je n’ai pas eu le temps de te prévenir de mon retour. » Un soupire s’échappe, machinalement, comme à chaque fois qu’elles se parlent parce qu’Ember ne supporte pas les mensonges qui s’insinuent entre elles depuis trop longtemps. « Je ne saurais que trop te conseiller de ne pas croire en les bruits qui courent. Quoi que tu aies pu entendre, ce ne sont jamais que cela. Des rumeurs. » Les bras se relâchent pour venir se poser sur le bureau. Appuyée, le buste en avant, le visage plus proche, Ember s’installe en position de supériorité. Une moue non convaincue étire les lèvres, les yeux se plissent. « On sait toutes les deux que tu fais plus attention aux rumeurs que ça. Que nos parents y font plus attention. Qu’est-ce qu’ils diraient si cette rumeur venaient à leurs oreilles ? – Elle se pousse du bureau pour marcher dans la pièce au rythme de son énoncé. – D’autant plus avec Rhysand. Comment peut-il bien nous "rendre service" ? – qu’elle demande avec amusement, en formant les guillemets de ses doigts. – Rhysand est un monstre, tu te souviens ? – Prêcher le faux pour savoir le vrai. Elle veut la mettre au bord de ses croyances, pour trouver cette lueur de négation. Pour ne pas se savoir seule à plonger dans les ténèbres de ces mensonges. – Ne me ment pas Bony, pas là-dessus. » Le ton est soudain plus sombre, plus tranchant. Elle n’est pas venue pour mettre en garde sa jumelle, mais bien pour obtenir des réponses.

Le regard figé sur son reflet presque parfait, elle soupire à nouveau. « Tu es venue seule ? » Aparté pour apaiser la tension qui monte en elle. Pour savoir si elle pourrait voir sa nièce ou si, encore une fois, elle serait tenue écartée de tout espoir d’une famille normale.

we're better in stereo.

Elle a ce regard droit et fier qui trahit l'éducation stricte des St-James. Digne fille de sa mère, Ebony ne se laisse pas démonter par les attaques à peines voilées de sa soeur. Lorsque l'on naît parmi les serpents, l'on a soi-même du poison sur les lèvres. Ses yeux vipérins luisent sous les allusions, qui ne font qu'éveiller son côté froid et vicieux. Mais elle ravale son venin pour plus tard, coupant court à la conversation qu'elle n'a nullement l'intention de laisser prendre racine. "Peut-être n'ai-je plus le temps de m'inquiéter de ce qui pourrait se produire ou non, Ember. S'ils l'apprennent, alors j'aviserai." Elle l'a coupée sèchement, comme une supérieure réprimanderait l'un de ses sous-fifres. Ebony a toujours été pragmatique, bien que sa jumelle la connaisse trop bien pour savoir que le moindre murmure menaçant sa réputation l'inquiétait plus qu'elle ne le laissera jamais entrevoir. Elle s'enfonce dans cette comédie qu'elle lui impose semblable à une carapace, allant jusqu'à la provoquer à son tour. "À moins qu'il ne s'agisse d'une menace, mais dénoncer sa propre soeur serait tomber bien bas. Même pour toi." Sourcils arqués, elle la jauge avec froideur. Son assurance trahit les tabous qu'elle fait semblant d'être trop noble pour lui susurrer ; d'elles deux, c'est Ebony que leur mère croira. Jamais Ember ne pourra la surpasser à ce jeu-là, pas alors qu'elle lutte avec acharnement depuis l'adolescence pour s'assurer tous les mérites. Pour revendiquer la première place.

Rhysand est un monstre, tu te souviens ?

Mais le poids de la couronne pèse lourd sur ses épaules lorsque ce nom revient sur le tapis. Elle se demande un instant ce que sa soeur a entendu, précisément. Cela l'oblige à se repasser en boucle cette entrevue avec Rhysand, à se demander si elle a souri trop ostensiblement, ri un peu trop fort, quoi que ce soit qui aurait pu laisser entendre qu'il n'était pas aussi monstrueux qu'elle était sensée le croire. Un monstre. "Parce que c'est un vampire, je n'ai pas oublié, rétorque-t-elle dans un soupir." Et s'il était plus que cela ? Et s'il avait toujours été plus que ce qu'on leur avait répété ? Il irradiait de cruauté et de chaos, mais Ebony avait cru déceler autre chose par-delà son aura ténébreuse. Une solitude qui avait sournoisement fait écho à la sienne. C'est peut-être pour ce souvenir-là qu'elle ouvre la bouche, et au nom de tout ce qu'elle lui doit. "Il est simplement différent de ce à quoi je m'attendais, à vrai dire. Il n'est pas exactement comme on nous l'a dépeint." Elle ne sait pas si elle doit être soulagée ou d'autant plus angoissée quand la discussion vire sur son mariage brinquebalant. "Oui, Theodore est resté à Londres avec Diana." Elle s'en va ranger quelques documents qui traînent, tout pour dissimuler son trouble à la vue de sa jumelle et lui tourner le dos. "Comment avance ta mission? Cela n'a pas l'air trop compliqué apparemment, de minauder auprès de Myron Vesenko, lâche-t-elle pour détourner l'attention."

@Ember Osborne

Your strength is in your weakness, There's fire in your blood.

Décembre 2020 — @Ebony Osborne — color : #B59326 — tenue

Ce besoin de la trouver, de savoir qu’elle est là, comme avant… Cette nécessité de la trouver, encore et toujours, alors qu’elles ne font que se déchirer un peu plus à chaque rencontre. Mais le cœur s’arrache à l’idée qu’Ebony ne soit pas à ses côtés, qu’elle ne fasse pas partie de sa vie. C’est cette bouée de sauvetage, cette lueur dans la nuit quand on a l’impression qu’il n’y a plus aucun espoir. Cette porte toujours entrouverte au cas où les cauchemars se font trop vifs. Ebony c’est tout ça et son contraire. Un jeu orchestré entre elles par nul autre que les membres de leur famille. Parce que si les St-James n’avaient pas été ce qu’ils sont, jamais elles n’auraient perdu tout ce qui font d’elles des jumelles. Alors quand les regards sont glaciaux, quand les mots sont plus tranchants qu’une lame, c’est là qu’Ember perd pied. Tout repère qui s’échappe, toute certitude qui s’affole dans l’esprit déjà trop encombré. Elle a le cœur qui se serre et qui s’effrite un peu plus à chacune de leur dispute. Pour une main tendue qui ne s’attrape jamais. Et si ?

Les remontrances, les pics, elle ravale ses questions et ses allusions sans répondre à nouveau. Après tout, à quoi bon ? Un pas en arrière, elle s’écarte aussi bien physiquement que psychologiquement. Les bras qui se croisent pour armure mentale. Elle se ferme Ember, pour arrêter de souffrir encore et encore et encore. Mais les secondes avancent et la conversation change, s’épanche vers une lumière qu’elle pensait éteinte. « Il est simplement différent de ce à quoi je m’attendais, à vrai dire. – Intriguée, la jumelle défait ses bras. Invite à continuer. – Il n’est pas exactement comme on nous l’a dépeint. – Le pied qui s’avance. Elle en veut plus. – Oui, Theodore est resté à Londres avec Diana. – Et le sujet qui change. Les ombres qui s’accumulent à nouveau. – Comment avance ta mission ? Cela n’a pas l’air trop compliqué apparemment, de minauder auprès de Myron Vesenko. » Et les bras qui se croisent à nouveau.

Elle déglutie, visiblement agacée. « Aucun problème. Du moment que je peux rester loin de cet enfer, tout me va. – Les mots qui s’échappent sans plus aucun contrôle. Parce qu’elle est agacée, énervée. – J’imagine qu’on t’a bien briefé sur cette nouvelle parade et que tu sais de toute façon tout ce qui se passe sans avoir besoin d’être là. » Elle souffle, comme pour relâcher la pression. Elle en a marre, elle veut hurler, lui dire qu’elle ne voulait pas de cette mission. Qu’elle ne voulait pas d’une nouvelle supercherie. Qu’elle ne voulait pas qu’on s’immisce à nouveau dans ses relations alors qu’elle n’a déjà plus personne. Qu'elle voulait qu'elle soit là, elle, sa sœur. Mais elle repart à la charge sur la seule énigme qui fait encore sens à cet instant. « Qu’est-ce qu’il t’a dit ? – Le ton est plus posé, plus doux. Un brin d’inquiétude au fond de la gorge. – Rhys… » Le regard qui fuit la silhouette de sa sœur, comme deux âmes qui ne cherchent qu’à s’éloigner. Deux aimants qui ne font que se répulser. Elle ose ajouter. « Il n’est pas comme je pensais non plus. » L’hésitation palpable. Les aveux peut-être trop nécessaires.

» ☇ INTRIGUE N°1 / There's something in the shadows.
» mille rêves en moi font de douces brûlures (ebony)